Les sujets de conflit se multiplient entre les « installés » et Free Mobile
Les sujets de conflit se multiplient entre les « installés » et Free Mobile, Actualités
Trop de critiques, trop d'articles. Un peu plus d'un mois après avoir donné son feu vert au lancement de Free Mobile, le gendarme des télécoms, l'Arcep, a décidé d'enquêter pour savoir si son réseau est toujours conforme à ses obligations réglementaires. Il semble en effet qu'une très grande partie du trafic continue à passer par les antennes d'Orange alors que Free est censé couvrir 27 % de la population avec ses propres antennes.
« Dans un souci de transparence et de sérénité », l'Arcep va demander à Free
« une liste des sites installés, des sites effectivement activés et des motifs qui auraient pu la conduire, le cas échéant, à l'extinction de certaines stations de son réseau » avant d'engager une vérification sur le terrain. Aucun opérateur n'a saisi l'Autorité pour se plaindre. En revanche, des syndicats et le ministre Eric Besson ont demandé à l'Arcep de réitérer ses contrôles.
« Il était temps qu'on sorte de cette polémique qui a été allumée par certains de nos concurrents. Au moins, là, on va avoir un arbitre impartial, selon des méthodes de mesure éprouvées. Cela remet la balle au centre », a estimé Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, qui a vécu les articles récents comme une tentative de déstabilisation de la part des concurrents.
Le loup dans la bergerie ?
Pour effectuer ses contrôles, l'Arcep a demandé à bénéficier des
« moyens techniques » de l'agence qui gère les fréquences (ANFR). Aveu d'échec ? C'est ce que pensent certains au gouvernement, convaincus que le réseau de Free Mobile n'a pas été pleinement allumé. Quant aux opérateurs concurrents, ils craignent que Free rallume ses antennes pour passer les nouveaux tests. Un ingénieur télécoms d'Orange est plus mesuré :
« On va se rendre compte des problèmes de délais ou de coupures liés à l'interaction entre les antennes de Free et celles d'Orange. Je ne leur jette pas la pierre, nous avons aussi essuyé les plâtres pendant six mois lorsque nous avons lancé la 3G. » C'est d'ailleurs ce que rappelle l'Arcep dans son communiqué. Toutefois, en 2005, la technologie était nouvelle ; on découvrait les équipements. Ce qui n'est pas le cas pour Free Mobile.
Cette enquête vient encore alourdir un climat plombé par les soucis que rencontre Free Mobile. Le GIE qui effectue la portabilité des numéros est toujours incapable de gérer plus de 40.000 demandes à la fois. Le PDG de Free, Xavier Niel, a déclaré aux députés qu'il pourrait monter à 80.000 en fin de semaine dernière, ce que dément le GIE. Le PDG de Free et le ministre Eric Besson ont d'ailleurs échangé quelques « tweets » tendus sur ce sujet ce week-end. Les attaques de Xavier Niel contre le GIE ont été durement ressenties car Free en est membre et s'est vu proposer une place au conseil d'administration en janvier.
Enfin, tous les opérateurs se déchirent. Un début de guerre des prix apparaît. Franck Esser, le PDG de SFR, a accusé l'opérateur historique d'avoir fait entrer le loup dans la bergerie en signant un contrat d'itinérance apparemment très généreux avec Free - ce qu'Orange nie. C'est dans ce climat électrique que les 3 opérateurs négocient avec Free Mobile le prix qu'ils doivent chacun se reverser à chaque fois que leurs clients respectifs envoient des SMS. Ce tarif n'est pas régulé a posteriori. Mais vu l'énervement de chacun, il y a un risque que l'affaire se termine en règlement de différend devant l'Arcep.