Les nouveaux attrape-gogos hightech

Lilirose59

Habitué
28 Août 2009
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Grand Nord
Fausses loteries, chantages à la webcam… Les coups tordus, voire les arnaques, liés au multimédia sont de plus en plus nombreux et subtils. Nos conseils pour ne pas se faire avoir.
Pas de trêve des confiseurs pour les cyberflics. En 2011, le nombre de signalements de contenus illicites sur Internet a encore augmenté : plus de 80 000 plaintes ont été enregistrées, soit 35% de plus qu’en 2009. Beaucoup d’affaires de racisme ou de pédopornographie, mais surtout une grosse moitié d’escroqueries.
«Avec la crise, les gens ont besoin d’argent et, du coup, se méfient beaucoup moins», déplore Adeline Champagnat, commissaire à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC). Il faut dire que les cybermalfaiteurs déploient des trésors d’imagination pour nous plumer. Fausses loteries, abonnements forcés, numéros surtaxés… Pas une semaine sans qu’une nouvelle arnaque apparaisse. Tour d’horizon de leurs dernières trouvailles et des moyens de s’en prémunir.
Enchères au clic : des sites où il faut payer pour gagner…
Leurs noms : Swoggi, Cliic, SmartClic, EnchereVIP… Depuis quelques mois, les sites dits «d’enchères au clic» se multiplient sur le Net. Le principe : ils mettent aux enchères des produits high-tech à des prix très bas pour attirer les internautes. Smartphones à 30 euros, iPad à 70 euros… Mais, contrairement aux sites classiques, où les mises sont gratuites (seul celui qui remporte l’objet doit payer), toutes les enchères sont ici payantes : chaque fois que vous cliquez sur le produit, vous dépensez entre 50 centimes et 1 euro ! Pis, le prix de l’objet n’augmente que de 1 centime à chaque mise, pour ne pas refroidir trop vite les enchérisseurs, et 20 secondes s’ajoutent à chaque fois au compteur indiquant le temps restant avant la fin de la vente. «Tout est conçu pour faire monter l’adrénaline, inciter à miser et faire oublier que chaque enchère coûte de l’argent», avertit Cyril Brosset, de l’association de consommateurs UFC-Que choisir. Seul le dernier joueur à avoir enchéri remporte en effet le droit d’acheter l’objet au tarif atteint par l’enchère. Mais il a souvent investi, sans s’en rendre compte, plusieurs dizaines d’euros de crédits pour le remporter. Quand il n’a pas dépensé plus que la valeur réelle du produit !
Le recours : Premier réflexe si vous estimez être victime de l’un de ces vendeurs, signalez-le au service Info escroqueries du ministère de l’Intérieur (0811 02 02 17 ou www.internet-signalement.gouv.fr). Sans constituer une plainte à proprement parler, cette démarche déclenchera une enquête de police et évitera à d’autres de se faire avoir. Pour obtenir réparation, demandez un remboursement au site, au besoin avec l’aide d’une association de consommateurs. Sans vous bercer d’illusions : la plupart de ces commerçants indélicats opérant depuis l’étranger, vous avez peu de chances d’obtenir gain de cause.
Le chantage fait son apparition sur les sites de rencontres
C’est la dernière trouvaille des maîtres chanteurs. Les sites de rencontres comme Meetic, Match.com ou encore eDarling sont depuis quelques mois infiltrés par des bimbos qui ne recherchent pas l’âme sœur mais en veulent à votre portefeuille. Leur mode opératoire : elles repèrent des hommes sur le Net, entament la conversation et très vite leur envoient des textos enflammés ou s’adonnent à des tchats torrides.
Séduits, certains hommes se laissent aller, envoient des photos d’eux en petite tenue ou se livrent même à un strip-tease devant leur webcam. La prédatrice réalise alors une capture d’écran pour les immortaliser en position délicate. La suite est classique : la belle demande de l’argent, sous peine de divulguer ces photos compromettantes aux amis, aux collègues ou à l’épouse, repérés à l’avance sur Facebook. «Nous avons repéré plusieurs escrocs se livrant à ce type de chantage, assurent les policiers de l’OCLCTIC, mais il est difficile de les poursuivre car peu de victimes osent porter plainte.» On les comprend.
Le recours :
Soyons clair : seul un dépôt de plainte a des chances de dissuader votre maître chanteur. Le chantage est en effet puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Mais il faut avoir le courage de passer la porte du commissariat pour aller raconter sa mésaventure…

Téléchargement : les abonnements forcés se multiplient
Sans sortir votre Carte bleue, vous pouvez vous retrouver abonné à des sites de téléchargement de jeux, de musique ou de logos. Car on peut facilement se faire avoir en cliquant sur une pub reçue sur un smartphone, par exemple pour une sonnerie gratuite. Les bannières renvoient en effet sur des sites comme Sonneries.net, Kko-mobile.com ou encore Mobifun.fr, qui vous abreuvent de messages. Croyant s’en sortir en cliquant «OK», on accepte en fait une transaction. «Et sans s’en apercevoir tout de suite, car ces vendeurs débitent directement la somme sur la facture de votre portable, en général 5 euros par semaine», explique-t-on à l’Arcep, le gendarme des télécoms. Et c’est légal ! Ce système appelé SMS + a en effet été conçu par les opérateurs téléphoniques eux-mêmes. Et pour cause : à chaque euro facturé, ils touchent 26 centimes…
Le recours :
Pour faire cesser les prélèvements, résiliez directement l’abonnement dans la rubrique «mon compte» de votre opérateur mobile. Mais ne vous privez pas de l’appeler pour réclamer un geste commercial de sa part.
Méfiez-vous des annuaires téléphoniques surtaxés
Créés il y a vingt ans pour rémunérer certains services (météo, astrologie…), les numéros surtaxés débutant par 08 restent le pain bénit des escrocs. L’arnaque la plus connue est celle du «ping call» : faire sonner le portable de quelqu’un qui, croyant qu’un ami cherche à le joindre, rappelle dans la foulée un numéro facturé entre 20 centimes et 1 euro la minute. «Seulement 10% des gens se font avoir, mais c’est suffisant pour assurer de coquets revenus aux sociétés des malfaiteurs, basées en Grande-Bretagne ou à l’île Maurice, explique la commissaire Adeline Champagnat. Elles utilisent en effet des machines, appelées «pondeuses», qui composent automatiquement des milliers de numéros.»
Surtout, ce procédé a migré depuis quelques mois sur le Net avec l’apparition d’annuaires qui renvoient sur des numéros surtaxés. Sur Doctoralia.fr, qui recense «médecins, spécialistes et centres médicaux», tapez «Hôpital Bichat», c’est un numéro en 08 qui apparaît et non le standard de l’établissement. Or, quand vous appelez ce numéro, vous êtes facturé 1,35 euro par appel puis 34 centimes la minute avant d’être basculé automatiquement vers l’hôpital !
Le recours :
La plupart des numéros surtaxés utilisés par les escrocs commencent par 0 899. Si vous en êtes victime, signalez-le au 33 700. Créée en 2007 par les opérateurs pour identifier les auteurs de SMS surtaxés, cette plate-forme leur permet depuis 2010 de retrouver la trace des émetteurs de numéros litigieux et de les faire couper après enquête. Quant à récupérer votre mise, à moins d’un geste de votre opérateur, c’est impossible.
Les sites d’achats groupés : un amas d’embrouilles
Tout le monde connaît aujourd’hui Groupon. Numéro 1 mondial de l’achat groupé, ce site a conquis 70 millions d’adhérents grâce à un système simple mais bien rodé : il négocie des produits à prix cassés (– 40 à – 90%) chez des commerçants, qu’il met ensuite en ligne durant une période limitée. Si un nombre suffisant -d’internautes est intéressé, le «deal» est conclu et vous pouvez commander le produit.
Seul souci : le succès de Groupon est tel qu’une trentaine de sites l’ont imité. Bon-privé, ClubDeal, Wonderdeal ou encore Sherif Deal ont fleuri ces derniers mois sur la Toile. Mais tous ne sont pas recommandables. «Nous croulons sous les plaintes de consommateurs mécontents», assure Marie Taillard, porte-parole de la Répression des fraudes (DGCCRF), qui a décidé d’ouvrir une enquête. De nombreux clients les accusent ainsi de négocier des réductions avec des commerçants incapables de faire face à la demande. «La plupart des internautes s’y prennent trop tard pour réserver et ne peuvent obtenir ni le service, ni son remboursement», constate Marie Taillard. Et, quand ils y arrivent, c’est parfois la déconvenue : massage moins long que prévu, menu sans boisson… Etouffés par des taux de commission allant jusqu’à 50%, les commerçants, pour rentrer dans leurs frais, n’offrent pas toujours le service affiché.
Le recours :
Retournez-vous d’abord contre le site. S’il se montre peu commercial, portez plainte par écrit auprès de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) dont vous dépendez. Vous obtiendrez ses coordonnées auprès de la préfecture ou sur le site Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes - DGCCRF. Et, pour alerter les autres internautes, signalez votre mésaventure sur le forum du site LesArnaques.com.

Les fausses petites annonces font toujours des victimes
Après avoir proliféré sur eBay, les cyberbandits ont envahi tous les sites d’annonces. Seul le scénario fluctue. Un jour, ils se font passer pour des propriétaires désirant louer leur logement via Abritel ou Homelidays. Un autre pour des vendeurs de voitures mutés à l’étranger et pressés de brader leur véhicule. Mais leur technique ne varie pas. Ils promettent de vous adresser l’objet contre l’envoi d’un «mandat **** urgent» de La Banque postale
En principe, vous êtes protégé, car le vendeur a besoin d’un code pour toucher l’argent que vous lui donnez après avoir reçu le bien. Mais certains escrocs se débrouillent pour le récupérer en vous envoyant par mail un lien vers un site imitant celui de La Poste ou embobinent si bien le guichetier qu’ils obtiennent l’argent sans code ! «Ces fraudes sont connues, mais de nombreuses personnes se font encore avoir, se désespère Olivier Aizac, directeur général de Leboncoin.fr, leader des petites annonces sur Internet en France. Du coup, j’emploie 80 modérateurs à plein-temps pour repérer ces arnaques et les supprimer.» Le meilleur moyen de ne pas se faire avoir ? Exiger une remise en mains propres du produit.
Le recours :
Une seule chose à faire : portez plainte au commissariat ou à la gendarmerie la plus proche de chez vous. Munissez-vous de tous les renseignements permettant l’identification de l’escroc : son adresse de messagerie, les références des transferts d’argent… Puis, si on vous a envoyé de faux mails de La Poste, contactez la Brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information (Befti), chargée d’élucider les délits informatiques : 01 55 75 26 19 ou prefpol.drpj-sdaef-befti-gestion@interieur.gouv.fr.
Les vols aux fausses loteries se sophistiquent
Le scénario est toujours le même : un huissier de justice ou un avocat vous informe par mail que vous avez gagné le jackpot d’une loterie. Mais, pour encaisser cette somme, vous devez payer des frais par mandat postal international… Ces arnaques dites «ivoiriennes» ou «béninoises», car leurs auteurs sont généralement issus d’Afrique de l’Ouest, sont un classique d’Internet. Mais attention, elles se perfectionnent sans cesse. Le mail ci-contre, qui plagie un document de Microsoft, le prouve. Et les escrocs ont beaucoup d’imagination : «Certains se font passer pour des associations de défense des internautes et parviennent à extorquer aux plus naïfs une quarantaine d’euros de frais de dossier», déplore Pascal Tonnerre, président du Réseau anti-arnaques.Repérez les escrocs grâce à leur adresse de boîte mailMême si le document a un aspect officiel, les aigrefins ne peuvent utiliser autre chose que des adresses de messagerie gratuite (Hotmail, Gmail, Yahoo !, Laposte…) ou qui ressemblent à celles de professionnels (par exemple, @consultant.com ou @financier.com).
Gare aux noms ronflants ou familiers
Plus c’est gros, mieux ça marche ! Les escrocs se cachent souvent derrière des noms d’entreprises connues pour rassurer l’internaute et donner un vernis officiel à leur mail. Les firmes le plus souvent utilisées sont Microsoft, eBay ou PayPal.
Des experts au-dessus de tout soupçon
Pour endormir leur proie, les arnaqueurs font toujours intervenir un tiers de confiance : huissier, notaire, avocat… Certains publient même en ligne de fausses cartes professionnelles très bien imitées.
Votre nom leur suffit pour vous plumer
Malins, les escrocs ne vous demandent pas de références bancaires. Mais, une fois vos coordonnées téléphoniques ou postales connues, ils comptent sur leur bagout
pour vous convaincre de payer des frais de dossier via un mandat international.