UN INCROYABLE PIONNIER A QUI LE MONDE ACTUEL DOIT BEAUCOUP
sourceL'américain John McCarthy, pionnier de l'intelligence artificielle, est mort à l'âge de 84 ans. Ses travaux influencent encore aujourd'hui de nombreux domaines de la recherche. Focus sur l'héritage de ce père fondateur des sciences informatiques.
Les langages informatiques modernesJohn McCarthy a inventé en 1958 le langage informatique appelé Lisp, le plus ancien langage de programmation dit "de haut niveau" (la même famille que le Cobol ou le PHP), après le Fortran. Il est utilisé notamment en robotique, dans la recherche sur l'intelligence artificielle, mais aussi pour la programmation d'applications web et la finance. Un dérivé de Lisp est notamment utilisé dans le cadre d'un projet d'intelligence artificielle, Cyc, dont le but est de reproduire le raisonnement humain. Ce langage influence encore les programmeurs d'aujourd'hui. Peter Norvig, directeur de la recherche chez Google, estime dans Wired que JavaScript et Python sont des héritiers de Lisp.
L'Intelligence artificielle
C'est John McCarthy qui a employé le premier le terme "intelligence artificielle", en 1956. Il a toujours rêvé de reproduire informatiquement l'intelligence humaine. Son but ultime était de parvenir à concevoir un ordinateur intelligent, capable de raisonnement, de pensée abstraite, et d'apprentissage. Il a co-fondé avec Marvin Minsky, un autre grand théoricien de l'intelligence artificielle, le MIT Artificial Intelligence Laboratory, avant de fonder un labo équivalent à Stanford. Ces deux bureaux sont restés leaders dans le domaine. Aujourd'hui ils travaillent entre autres sur la bioinformatique, la robotique et l'apprentissage automatique.
Au-delà de la recherche pure, McCarthy réfléchissait sur les implications de sociales et philosophiques de ces machines pensantes. Dans une nouvelle qu'il a écrite en 2001 (en partie en langage informatique !), il évoque l'idée de la simulation des sentiments humains chez un robot.
Le cloud computing et le grid computing
John McCarthy a été le premier à mettre en oeuvre le système appelé à l'époque "time-sharing", qui consistait à partager les ressources d'un processeur entre plusieurs utilisateurs. Les machines coûtaient tellement cher et étaient tellement lentes que la mutualisation optimisait leur efficacité. Il a été relégué à l'arrière plan avec l'arrivée des microordinateurs, mais internet a remis ce concept au goût du jour. Le time-sharing est l'ancêtre du cloud computing, dans lequel plusieurs machines se connectent aux ressources d'un même serveur, et du grid computing, l'infrastructure virtuelle partagée, qui recourt à de multiples ressources hétérogènes situées à des endroits différents, pour effectuer une tâche définie. "L'internet ne serait pas apparu aussi tôt si John n'avait pas initié le développement des systèmes de time-sharing", déclare Lester Earnest, un ancien chercheur à Stanford.
Deep Blue
McCarthy a utilisé Lisp pour concevoir avec ses étudiants l'un des premiers programmes informatiques de jeu d'échecs convaincant, à Stanford dans les années 60. Il tournait sur un IBM 7090. Ils l'ont fait jouer en Russie en 1966, contre un ordinateur russe. C'était la première fois que deux ordinateurs s'affrontaient aux échecs. Plus tard viendra Deep Blue, qui jouera contre des humains.
Les interfaces en langage naturel
En 1958, McCarthy publie des travaux sur la programmation logique, une forme de programmation basée sur la logique, qui donnera plus tard naissance aux premiers systèmes de questions-réponses. A la fin des années 60, un chercheur du MIT développe en Lisp le programme SHRDLU, qui pour la première fois permet un dialogue en langage naturel avec la machine. Son descendant s'appelle Watson, l'ordinateur d'IBM qui a réussi à battre des humains à Jeopardy en répondant à des questions posées en langage naturel. Ou Siri, l'assistant personnel de l'iPhone 4S, à qui l'on pose des questions à voix haute.
Bientôt le voyage dans l'espace ?
McCarthy a développé une idée d'ascenseur spatial appelée fontaine spatiale, qui reste encore utopique. Il s'agit d'une sorte de tour géante associée à un système de catapulte électromagnétique, et qui évite d'utiliser des fusées pour la propulsion spatiale.